Interview de THE NOFACE

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Interview réalisée lors du festival Rock in Evreux le Dimanche 1er Juillet 2018. Oma et Yan sont respectivement la chanteuse et le guitariste du groupe.

Bonjour,

Tout d’abord, un grand merci à vous de nous accorder cette interview pour le blog Adrienout. On vous avait découvert l’année dernière dans le cadre du festival du Cabaret Vert. Nous avions adoré votre prestation d’où notre demande de vous interviewer.

 Pouvez-vous nous en dire plus sur la manière dont vous écrivez vos textes, composez vos morceaux ? Vos sources d’inspiration au regard des thèmes abordés ? Chaque membre participe-t-il à la création de chacun des morceaux ? 

Oma Jali : J’ai écrit principalement les textes. Ils parlent surtout de notre rencontre, de nous cinq, de notre intention de vouloir aller plus loin, de faire de la musique. Il y a aussi une chanson d’amour … et une chanson « sexuelle » ! Deux morceaux ont été écrits en collaboration avec Lio, le clavier. Une chanson qu’il a écrite totalement qui s’appelle Never Ever.
Pour la composition, c’est Yan qui a composé les morceaux et je suis ensuite intervenue. J’ai mis à ma sauce certaines mélodies qu’il avait déjà en tête.

Yan Stefani : ça part d’un ordinateur. Tu fais la batterie, la basse, la guitare, la musique. Tu imagines des sons. Ça a été beaucoup de travail comme ça.

 Est-ce que certains sons sont rattachés à des groupes qui vous ont influencés ? Je vous ai vu porter un T-shirt de Jim Morrison. L’environnement des Doors, du Blues ou autre…

Yan Stefani : Pas forcément des Doors. Des années 70, dans la façon de faire,  essayer d’arriver à quelque chose qui se joue aussi bien sur scène que sur un CD où tu n’as pas de fioritures à côté et plein de choses façon electro. C’était vraiment une façon de prendre ce tournant-là. C’est vrai que les années 70 sont bien inspirantes pour ça. Il y a un côté brut de décoffrage avec un son actuel.

Oma Jali : Il y a aussi un peu des années 90. Skunk, notamment. On est un peu retournés aux fondamentaux.

 

 

 Vous avez fait un certain nombre de festivals et de concerts en France dans le cadre notamment de la promotion de votre album « Chapter one », sorti en septembre dernier : Que retenez-vous de ces derniers mois passés sur la route ? Avez-vous un souvenir ou une rencontre en particulier ?

Oma Jali : Ce qui m’a beaucoup marqué c’est de faire la première partie de Shaka Ponk à la Halle Tony Garnier et la première au Printemps de Bourges où on est passés sur la scène Pression live. On a réussi à garder tout le monde devant nous. Ils n’étaient pas là à continuer de manger leur Grec. On a réussi à les tenir !

Vous avez l’occasion de discuter avec les autres groupes lors des festivals ou chacun est dans sa bulle ?

Oma Jali : ça dépend. Les autres membres de The Noface rencontrent souvent des groupes qu’ils ont déjà vus.

Yan Stefani : Oui mais après voilà, tu as aussi envie de voir un groupe juste sur scène. C’est ça qui est bien quand tu fais un festoche et que tu aimes la musique : d’aller voir les autres, de voir ce qu’ils font. On a fait le Download. Il y avait une très belle progr’. Je n’avais jamais vu les Foo Fighters. C’était cool de les voir. The Hives, je les ai vus plein de fois mais je suis fan depuis très longtemps. J’adore aller les voir et discuter avec eux. On les a déjà croisés plusieurs fois donc c’est marrant de pouvoir échanger quelques mots avec eux.

Donc finalement c’est assez simple le contact entre les artistes à ces occasions ?

Tu te lis plus d’amitié avec certains comme les Shaka Ponk qu’on connait depuis longtemps par rapport à ce qu’on faisait avant et si on a fait les premières parties de ce groupe c’est aussi suite à ces affinités-là, et du fait qu’on fasse du rock’n’roll et qu’ils aiment bien notre musique aussi.

 Dans « Time », vous dites « Tu es la raison pour laquelle je vais me battre ». Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous révolte ? C’est le sujet philosophique du jour !

Oma Jali : Aujourd’hui, ce qui me révolte ce serait l’injustice, le racisme qui continue tant envers les femmes, que par rapport à la couleur de peau, à l’orientation sexuelle, les inégalités entre les hommes et les femmes notamment au niveau du salaire. Etre une femme aujourd’hui c’est encore compliqué, de s’imposer, d’exister tout simplement.

Tu as deux enfants. Comment fais-tu pour les concilier avec ta carrière musicale ? C’est toujours la question qu’on a tendance à poser à une femme mais en même temps c’est normal de la poser vu le challenge que ça représente dans notre société.

Oma Jali : Ah beh tu vois, voilà, cette question fait partie des choses qui me révoltent en interview. Les enfants ont un père donc on fait avec ! Il n’y a pas plus de contraintes que cela car l’entourage est présent, la famille est là. Tu as fait des choix et tu les assumes. On fait en sorte qu’ils soient bien gardés, c’est tout. Les gars aussi ont des enfants et on ne leur pose pas cette question !

 C’est vrai mais j’ai pris l’initiative de cette question car on sait bien qu’il y a souvent un sentiment de culpabilité chez la femme. Mea culpa !

Yan Stefani : Tu sais pour moi, c’est pareil. J’ai des enfants. C’est toujours dur de quitter ses enfants. La Vérité, elle est chez eux, pas chez nous. Parfois tu te dis que tu n’as pas envie de partir.
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 Avez-vous la possibilité de faire venir vos enfants lorsque vous êtes dans des villes proches de chez vous ?

Yan Stefani : C’est compliqué quand tu te retrouves sur un festival. J’ai un enfant de 10 mois et l’autre de 3 ans en train de tracer lol. Tu imagines avec le soleil et puis, il n’y a rien à faire pour eux, pas d’activités. S’il y avait un parc de jeux et un endroit où ta chérie pourrait en même temps profiter du concert, ce serait génial vraiment. Je crois que je viens d’avoir une idée ! Je vais organiser un festoche de ce genre !

A ce sujet, Rock in Evreux propose une garderie aux enfants.

Yan Stefani : Oui mais emmener ses enfants sur la route représente aussi un coût. On est déjà sept dans le van. Si en plus, on vient avec nos femmes …

Comment êtes-vous arrivés à la musique ? Vos parents ont-ils joué un rôle ?

Yan Stefani : Mon père est le plus grand rocker du monde. S’il n’était pas là, je n’en serais pas là. Il faisait de la guitare. J’ai fait de la guitare. Et merci à lui de m’avoir fait écouter autant de bonnes musiques. Quand je suis né, j’ai écouté Led Zep, Rolling Stones, Faith No More , Iron Maiden … J’ai eu de la chance. J’en connais d’autres qui ont eu moins de chance ! Il faudrait d’ailleurs dire aux parents d’arrêter d’écouter de la merde !

 Vos parents vous ont-ils encouragé ou non dans votre voie ?

Yan Stefani : Ils m’ont encouragé. Ils m’ont permis d’arrêter l’école en terminale ES. En plein mois de janvier, je leur ai dit : je veux arrêter l’école et faire de la musique. Bon ils n’étaient pas super heureux mais ils m’ont suivi à 1000%.

Oma Jali : Rires … oui alors moi c’est une histoire différente hein, ça n’a rien à voir lol. Le bon père camerounais voulait que je fasse un métier stable. Il voulait que je sois prof d’anglais. Je parle couramment. Il voulait que je fasse un métier plus classique de façon à être plus en sécurité. Mais lui chantait aussi et ma grande sœur chantait dans des grandes chorales. Elle nous faisait répéter ses morceaux, avec mon père. On faisait les chœurs. Elle m’a mis dedans. Du coup, j’ai fait mon bac L. J’ai travaillé dans la vente, comme manager. Quelque part la musique m’a un peu rattrapée. Tout le monde autour de moi me disait : mais vas-y, reprend les cours etc… j’ai fait deux enfants puis j’ai participé à un concours, le Sankofa Soul Contest, qui m’a remis le pied à l’étrier. Ça m’a décidé à reprendre là où je m’étais arrêté et que je repoussais depuis tant d’années. Une fois que j’ai fait ce concours-là, pour ma mère, c’était bon. Et voilà, après tout le monde a suivi. Mais il a fallu les convaincre.

Yan Stefani : C’est dur d’être parent. J’ai des enfants, j’ai une fille en plus, et je connais le milieu. Mais même … Je flippe pour elle pour plein de trucs. J’ai eu de la chance mais de toute façon, l’éducation s’est compliquée. On veut les protéger. Après, la sécurité dans nos métiers …

 Quels sont les artistes dont la musique vous accompagne depuis toujours (sur votre ipod, tablette…) ?

Yan Stefani : J’ai envie de dire que c’est moi ! Je travaille tout le temps ma musique, franchement j’écoute mes prod’ tout le temps : que ce soit du hip-hop ou autres. Je fais plein de trucs. Je suis centré sur moi-même. Je suis un pur égoïste de ouf (rires) ! Sinon j’avoue, en ce moment j’écoute les productions de Damso. J’écoute pas mal de hip-hop français. Même si dans le texte, je suis plus touché par ce que fait Orelsan. Il arrive à s’ouvrir à plein de mondes. Je ne suis pas vraiment centré sur un artiste en particulier.

Oma Jali : J’écoute Jorja Smith, une anglaise qui a une voix groove un peu années 90. Je suis tombée sur la chaîne Youtube Colors où des artistes viennent faire leur performance avec derrière une couleur de fond (jaune, rose…). Ils sont devant un micro et y’a pas un artiste qui est mauvais.

Il est maintenant temps de se quitter. Nous vous remercions et vous souhaitons un bon concert.

Oma Jali : Merci à vous et bon festival.

Eclatez-vous !

Merci à ma partenaire Lili pour sa participation à cette interview.

EN

Interview conducted during the Rock in Evreux festival on Sunday 1st July 2018. Oma and Yan are respectively the singer and the guitarist of the group.

Hello,

First of all, thank you very much for giving us this interview for the Adrienout blog. We had discovered you last year as part of the Green Cabaret festival. We loved your service from where our request to interview you.
Can you tell us more about how you write your lyrics, compose your songs ? Your sources of inspiration regarding the topics covered ?
Does every member participate in the creation of each piece ?

Oma Jali: I mainly wrote the texts. They talk mostly about our meeting, about us five, about our intention to go further, to make music. There is also a love song … and a « sexual » song! Two pieces were written in collaboration with Lio, the keyboard. A song he wrote totally called Never Ever.
For the composition, it was Yan who composed the pieces and I then intervened. I put in my sauce some melodies he already had in mind.

Yan Stefani: It starts from a computer. You do drums, bass, guitar, music. You imagine sounds. It has been a lot of work like that.

Are some sounds related to groups that influenced you? I saw you wearing a Jim Morrison T-shirt. The environment of Doors, Blues or other…

Yan Stefani: Not necessarily Doors. From the 70s, in the way of doing, try to come up with something that is played as well on stage as on a CD where you have no frills beside and lots of things electro way. It was really a way to take that turn. It is true that the 70s are very inspiring for that. There is a rough side of stripping with a current sound.

Oma Jali: There is also a bit of the 90s. Skunk, among others. We are a little back to basics.

 
You have made a number of festivals and concerts in France as part of the promotion of your album « Chapter One », released last September: What do you remember from these last months spent on the road? Do you have a particular memory or meeting ?

Oma Jali: What impressed me a lot was to play the first part of Shaka Ponk at Halle Tony Garnier and the first at the Printemps de Bourges where we went on the Live Pression stage. We managed to keep everyone in front of us. They were not there to continue eating their Greek. We managed to hold them !

Do you have the opportunity to chat with other bands at festivals where everyone is in his or her Bubble ?

Oma Jali: it depends. The other members of The Noface often meet groups they have already seen.

Yan Stefani: Yes, but after that, you also want to see a band just on stage. That’s good when you’re doing a feast and you like music: to see others, to see what they do. We did the Download. There was a very nice progress. I had never seen the Foo Fighters. It was cool to see them. The Hives, I’ve seen them many times but I’ve been a fan for a long time. I love going to see them and chat with them. We have already met several times so it’s funny to be able to exchange a few words with them.

So finally it’s quite simple the contact between artists on these occasions ?

You are more friends with some like the Shaka Ponk we know for a long time compared to what we did before and if we made the first parts of this group is also following these affinities, and the fact that we do rock’n’roll and they like our music too.

In « Time, » you say, « You’re the reason I’m going to fight. » Today, what revolts you ? This is the philosophical subject of the day !

Oma Jali: Today, what revolts me is the injustice, the racism that continues so much towards women, as compared to skin color, sexual orientation, inequalities between men and women in particular at the salary level. To be a woman today is still complicated, to impose oneself, to exist simply.

You have two children. How do you reconcile them with your musical career ? This is always the question that we tend to ask a woman but at the same time it is normal to ask because of the challenge that it represents in our society.

Oma Jali: Ah, you see, this is one of the things that revels me in interviews. The children have a father so we do with! There are no more constraints than that because the entourage is present, the family is there. You made choices and you assume them. We make sure that they are well guarded, that’s all. The boys also have children and we do not ask them this question !

It is true but I took the initiative of this question because one knows well that there is often a feeling of guilt in the woman. Mea culpa !

Yan Stefani: You know for me, it’s the same. I have children. It’s always hard to leave your children. Truth is at home, not at home. Sometimes you tell yourself that you do not want to leave.

 
Do you have the opportunity to bring your children when you are in towns near you ?

Yan Stefani: It’s complicated when you find yourself on a festival. I have a child of 10 months and the other of 3 years tracing lol. You imagine with the sun and then there is nothing to do for them, no activities. If there was a playground and a place where your darling could enjoy the concert at the same time, it would be great. I think I just had an idea! I’m going to organize a festoche of this kind !

In this regard, Rock in Evreux offers a nursery for children.

Yan Stefani: Yes, but taking your children on the road is also a cost. We are already seven in the van. If in addition, we come with our women …

How did you come to the music ? Did your parents play a role ?

Yan Stefani: My father is the biggest rocker in the world. If he were not here, I would not be here. He was playing guitar. I played guitar. And thanks to him for making me listen to so many good musics. When I was born, I listened to Led Zep, Rolling Stones, Faith No More, Iron Maiden … I was lucky. I know others who have had less luck! It should also tell parents to stop listening to shit !

Did your parents encourage you or not in your path ?

Yan Stefani: They encouraged me. They allowed me to stop school in ES terminal. In the middle of January, I told them: I want to stop school and make music. Well they were not super happy but they followed me to 1000%.

Oma Jali: Laughs … yes then me it’s a different story huh, it has nothing to do lol. The good Cameroonian father wanted me to do a stable job. He wanted me to be an English teacher. I speak fluently. He wanted me to do a more traditional job in order to be safer. But he also sang and my older sister sang in big choirs. She made us repeat her songs, with my father. We did the chorus. She put me in it. Suddenly, I did my bac L. I worked in sales, as a manager. Somewhere the music caught me a little bit. Everyone around me said to me: but go ahead, resume classes etc … I had two children and then I participated in a competition, the Sankofa Soul Contest, which gave me the foot in the stirrup . It made me decide to go back to where I had stopped and that I had been pushing back for so many years. Once I did that, for my mother, it was good. And here, after everyone has followed. But we had to convince them.

Yan Stefani: It’s hard to be a parent. I have children, I have a daughter and I know the environment. But even … I’m freaking out for her stuff. I was lucky but anyway, education was complicated. We want to protect them. After, security in our trades …

 
Which are the artists whose music accompanies you since always (on your ipod, tablet…) ?

Yan Stefani: I want to say it’s me! I work all the time my music, frankly I listen to my prod ‘all the time: be it hip-hop or others. I’m doing a lot of things. I am focused on myself. I am a pure selfish phew (laughs)! Otherwise I confess, at this moment I listen to the productions of Damso. I listen to a lot of French hip-hop. Although in the text, I am more affected by what Orelsan does. He can open up to many worlds. I’m not really focused on one particular artist.

Oma Jali: I’m listening to Jorja Smith, an English girl with a 90’s groove voice. I came across the Youtube Colors channel, where artists come to perform with a background color (yellow, pink …). They are in front of a microphone and there is not an artist who is bad.

It is now time to leave. We thank you and wish you a good concert.

Oma Jali: Thank you and good festival.

Have fun !

Thank you to my partner Lili for participating in this interview.

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