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Jour 4 – Vendredi 21/04/2023
Notre chambre d’hôte se trouvant à Plaimpied-Givaudins, nous avons décidé une fois le petit-déjeuner pris d’aller visiter l’Abbaye Saint Martin. De style roman, elle comporte une crypte de la fin du XIème siècle. D’après la plaque explicative, Elle servait de chapelle à un couvent de moines religieux de St Augustin.
De retour sur Bourges, nous sommes entrés dans l’Eglise Saint Pierre le Guillard qui date du XIIIème siècle. De style gothique, elle n’a pas de transept (pas de nef – donc, de salle – transversale qui coupe à angle droit la nef principale lui donnant la forme d’une croix latine) mais une galerie avec des chapelles (dédiées à St Pierre, St Antoine …). A noter quelques vitraux et tableaux. « Consacrée en 1230 par l’archevêque de Bourges, sa construction ferait suite à un miracle. Saint Antoine de Padoue en effet était de passage à Bourges (vers 1225), et la mule d’un juif, nommé Guillard, se détourna de son avoine pour s’agenouiller devant le saint homme. Le propriétaire de la mule se convertit alors sur le champ et consacra tout son argent à la construction de l’église. » (source : Le Petit futé)
Direction ensuite la Maison de la Culture de Bourges et son exposition issue des collections de la documentation de Radio France Rap ! Un scratch, un beat … 40 ans de rap en France qui retrace via des panneaux explicatifs par décennie, des pochettes d’albums vinyles, des écoutes de morceaux, des malles-vitrines d’objets divers (livres, cassettes, poste radio k7, CD, couvertures de magazines …) l’histoire passionnante de ce genre musical sur notre territoire national ou comment « En l’espace de 40 années seulement, le rap – Rhythm and Poetry – est passé successivement du statut de musique réservée à quelques aficionados, à un mode d’expression de la révolte des jeunes des quartiers populaires – souvent associé à la violence et à la délinquance – et à un courant artistique majeur dont la multiplicité de sous genres et d’incarnations actuelles atteste de la vitalité. »
Pour les amateurs de rap ou non, la consultation de la revue de presse est un pur moment de bonheur ! On y retrouve une sélection d’articles de presse de l’Humanité, Libération etc… une vraie plongée dans le contexte des débuts du rap en France (au début des années 80). Il y a des pépites 😉.
A cela s’ajoute une large programmation. En effet, sous le parrainage de Disiz (ex-Disiz la Peste et son emblématique J’pète les plombs), le Printemps de Bourges organise en parallèle, des concerts, des projections de films et de courts-métrages, des rencontres.
Le constat est unanime. Le rap (et ses dérivés) s’est au fil des années imposé dans les festivals, ce genre musical étant devenu le plus écouté par les jeunes, cible principal de ce type d’évènement. A ce sujet, je suis tombé sur un article du Berry.fr titrant :
Mais où est donc passé le rock au Printemps de Bourges ? Le journaliste y décrit ce phénomène et ses raisons :
« En quelques années, les contraintes financières, les tendances musicales et la nécessité de capter un jeune public ont rebattu les cartes et dicté le ton musical du Printemps, qui se replie sur la scène française, les artistes émergents, les créations. Et surtout le rap pour faire le plein de festivaliers. Très en amont dans la saison des festivals, le PDB est aussi à l’écart des tournées des artistes internationaux. Ce phénomène du déclin du rock dans les festivals n’est pas propre au rendez-vous printanier berruyer.
Aux manettes de la programmation, Jean-Michel Dupas, directeur artistique du Printemps de Bourges, le constate : « Ça n’est pas lié qu’à Bourges mais à tous les festivals, répond-il. Et les groupes de rock français font aussi le constat qu’ils ont de plus en plus de mal à trouver de la place dans les festivals. Les musiques urbaines ont pris tellement de place qu’il y en a moins pour le rock. » L’électro, mais sur tout le rap sont les nouvelles valeurs sûres des programmateurs. « Le public rock ne s’est pas renouvelé, observe aussi Jean-Michel Dupas. Il s’agit de quadras, de quinquas ; les jeunes, eux, sont sur le rap. » Et tous les festivals ont besoin de renouveler leur public.
Orphelins de la locomotive Noir Désir, les amateurs de rock alternatif hexagonal n’ont plus de boussole musicale. Peu de groupes français sont capables, aujourd’hui, de remplir un W. Et les poids lourds anglo-saxons sont devenus hors de prix. La faute à un marché du disque en lambeaux, qui pousse les artistes à se refaire une santé économique sur scène depuis une petite dizaine d’années. 2018-2019 a été la bascule.
« Ils sont devenus inabordables, regrette, impuissant, le programmateur du Printemps. Il y a de tels cachets ! Des groupes se vendent 3 à 4 fois leur valeur économique.» Et vont aux plus offrants. En l’occurrence, les gros festivals d’été, en France mais surtout à l’étranger (Angleterre, Espagne, pays de l’Est) où les grosses machines sont capables d’offrir 4 à 5 fois ce qu’on peut offrir dans l’hexagone. ».
The Black Keys, c’est 300.000 à 400.000 euros, The Strokes, c’est un million d’euros ! », s’étrangle le programmateur du PDB, qui n’a que 1,5 million d’euros d’enveloppe cachets… Les gros festivals européens font aussi payer cher leurs places, et les partenariats avec les cigarettiers ou alcooliers, interdits en France, faussent la concurrence. La surenchère ne devrait pas faiblir et les cachets, dopés par les multinationales du marché comme Live Nation, vont continuer à grimper. »
Lors de cette édition, j’ai eu l’occasion de découvrir une autre exposition, Les Olympiades hyper-soniques et e-sportives, au Carré d’Auron, sur le thème du sport dans le numérique. Les visiteurs pouvaient s’amuser autour d’installations, de jeux (vidéos, échek (sic), chamboul’prout, rock minut’). La volonté de la Région Centre-Val de Loire est d’accompagner les plus jeunes dans cet environnement numérique, pour mieux l’appréhender et ses enjeux.
A ce titre, deux belles initiatives :
– l’association la Labomedia, pour créer, expérimenter, pratiquer, bricoler, détourner, questionner les technologies numériques, électroniques, traditionnelles ;
– futuretic.fr. Des outils numériques en ligne libres, éthiques, respectueux de nos données et de l’environnement 😊
Côté concerts, dans l’après-midi, à la MCB, du Rap en l’occurence. Eesah Yasuké, qui avait reçu l’année dernière le Grand Prix des Inouïs du Printemps de Bourges, est présente cette fois-ci en tant qu’artiste confirmée. C’est certainement une future grande du Rap français. Elle vient de Roubaix et écrit tous ses textes. Dans ce milieu très codifié, elle apporte une note originale, elle s’inspire notamment des samouraï dans sa tenue et ses saluts. Elle est aussi accompagnée d’un danseur assurant le show. J’ai été conquis, et je ne suis pas le seul, elle nous apprend qu’avant d’entrer sur scène, elle a signé un contrat avec la Warner ! Prince Waly lui succèdera. Il vient de Roubaix. Il est vêtu d’un grand manteau carré. Il a aussi son propre univers en livrant des couplets sous forme de story telling, inspiré de ses références cinématographiques.

En soirée, 4 artistes très différents. 4 parenthèses enchantées. Et oui, si l’envie était bien là, la fatigue a eu raison de moi. Je n’ai pas assisté aux trois dernières prestations de la soirée (Biga Ranx, Meute, Bob Sinclar). Le tout devait se finir vers 3h30 … Chapeau aux courageux !
- Adé. Ex-chanteuse du groupe Therapie-Taxi.Un mélange de folk-rock à la française, lumineux, de quoi vous donner la pêche. A l’image de son tube Tout savoir.
Et je vole encore, encore mes joies
J’en veux encore, même si je comprends pas
Pourquoi je change, et quelquefois
J’ai tellement peur que la nuit ne vienne pas
Car quand je dors, je rêve de ça
De tout comprendre et de savoir pourquoi
Sur des accords un peu maladroits
J’arrive encore à capturer mes joies
J’voudrais tout savoir
Et voir dans le noir
J’voudrais tout savoir
- Disiz. Rien à voir avec ses débuts. Il évolue constamment et nous présente son treizième album L’Amour, des balades apaisées et intimistes. Difficile de définir son style, entre rap, soul et funk, mais en tout cas plus consensuel. La mise en scène avec un grand escalier confirme cet univers poétique.
- La Femme. Une joyeuse bande aux inspirations diverses, allant du rock, à la pop des sixties, à l’électro, à la cold wave française des années 80, aux rythmes tropicaux.
- Selah Sue. Le public a retrouvé avec joie la voix toujours aussi incroyable et singulière de l’auteure, compositrice et interprète belge. 3 albums à son actif et une sacrée présence sur scène. Accompagnée de ses choristes, ça groove, mais l’esprit soul ou jazzy est toujours là. Sans oublier quelques touches, incontournables à notre époque, d’électro et de rap. Vêtue d’un kimono portant l’inscription Persona, l’artiste convoque ses multiples personnalités sur scène. Un retour réussi par Mme Raggamuffin, le public est chaud bouillant !
Quant à mes papilles, je me suis régalé d’un burger de Touraine (12€) composé d’un pain du boulanger bien chaud, d’une escalope de cochon panée, de fromage à raclette fermier, coleslaw, ketchup maison et oignons frits + d’un jus d’ananas des Vergers de la Manse 😊. Excellent !
Quelques photos : JOUR 4
EN
Day 4 – Friday 04/21/2023
Our bed and breakfast being in Plaimpied-Givaudins, we decided after breakfast to go and visit the Abbey of Saint Martin. Romanesque in style, it has a crypt from the end of the 11th century. According to the explanatory plaque, it served as a chapel for a convent of religious monks of St Augustine.
Back in Bourges, we entered the Church of Saint Pierre le Guillard which dates from the 13th century. Gothic in style, it has no transept (no transverse nave – therefore, hall – which intersects the main nave at right angles giving it the shape of a Latin cross) but a gallery with chapels (dedicated to St Peter, St Anthony …). Note some stained glass and paintings. “Consecrated in 1230 by the Archbishop of Bourges, its construction would follow a miracle. Saint Anthony of Padua was in fact passing through Bourges (around 1225), and the mule of a Jew, named Guillard, turned away from his oats to kneel before the holy man. The owner of the mule then converted on the spot and devoted all his money to the construction of the church« . (source: Le Petit Futé)
Then head to the Maison de la Culture in Bourges and its exhibition from the collections of Radio France Rap documentation! A scratch, a beat… 40 years of rap in France which retraces via explanatory panels by decade, vinyl album covers, listening to songs, showcase trunks of various objects (books, cassettes, k7 radio, CDs, magazine covers …) the fascinating history of this musical genre on our national territory or how « In the space of only 40 years, rap – Rhythm and Poetry – has successively passed from the status of music reserved for a few aficionados, to a mode of expression of the revolt of young people from working-class neighborhoods – often associated with violence and delinquency – and to a major artistic current whose multiplicity of sub-genres and current incarnations attests to its vitality. »
For rap lovers or not, consulting the press review is a pure moment of happiness! There is a selection of press articles from Humanity, Liberation etc… a real dive into the context of the beginnings of rap in France (in the early 80s). There are nuggets 😉.
Added to this is a wide programming. Indeed, under the sponsorship of Disiz (ex-Disiz la Peste and its emblematic J’pète les plombs), the Printemps de Bourges organizes in parallel, concerts, screenings of films and short films, meetings.
The conclusion is unanimous. Rap (and its derivatives) has over the years imposed itself in festivals, this musical genre having become the most listened to by young people, the main target of this type of event. On this subject, I came across an article from Berry.fr titled:
But where did the rock go to Printemps de Bourges ? The journalist describes this phenomenon and its reasons:
« In a few years, financial constraints, musical trends and the need to capture a young audience have reshuffled the cards and dictated the musical tone of Printemps, which falls back on the French scene, emerging artists, creations. And especially rap to fill up festival-goers. Very early in the festival season, the PDB is also excluded from the tours of international artists. This phenomenon of the decline of rock in festivals is not specific to the Berruyer spring event.
At the helm of programming, Jean-Michel Dupas, artistic director of Printemps de Bourges, notes: “It is not linked only to Bourges but to all the festivals, he replies. And French rock bands are also finding that they are having more and more trouble finding space at festivals. Urban music has taken up so much space that there is less for rock. « Electro, but above all rap are the new safe bets for programmers. “The rock audience has not been renewed, also observes Jean-Michel Dupas. These are quadras, quinquas; young people are into rap. And all festivals need to renew their audience.
Orphans of the locomotive Noir Désir, fans of French alternative rock no longer have a musical compass. Few French groups are able today to fill a W. And the Anglo-Saxon heavyweights have become unaffordable. Blame it on a tattered record market, which has been pushing artists to regain their economic health on stage for the past ten years or so. 2018-2019 was the seesaw.
“They have become unaffordable, regrets, powerless, the programmer of Printemps. There are such seals! Groups sell for 3 to 4 times their economic value.” And go to the highest bidders. In this case, the big summer festivals, in France but especially abroad (England, Spain, Eastern countries) where the big machines are able to offer 4 to 5 times what we can offer in the hexagon. « .
The Black Keys is 300,000 to 400,000 euros, The Strokes is a million euros! “, chokes the programmer of the PDB, which has only 1.5 million euros of cachets envelope… The big European festivals also charge a lot for their places, and partnerships with tobacco or alcohol companies, prohibited in France , distort competition. The bidding is not expected to wane and fees, boosted by market multinationals like Live Nation, will continue to climb. »
During this edition, I had the opportunity to discover another exhibition, Les Olympiades hyper-soniques et e-sportives, at the Carré d’Auron, on the theme of sport in the digital world. Visitors could have fun around installations, games (videos, échek (sic), chamboul’prout, rock minut’). The will of the Centre-Val de Loire Region is to support the youngest in this digital environment, to better understand it and its challenges.
In this regard, two great initiatives:
- the Labomedia association, to create, experiment, practice, tinker, divert, question digital, electronic and traditional technologies;
- futuretic.fr. Free online digital tools, ethical, respectful of our data and the environment 😊
On the concerts side, in the afternoon, at the MCB, Rap in this case.
–Eesah Yasuké, who last year received the Grand Prix des Inouïs du Printemps de Bourges, is present this time as a confirmed artist. She is certainly a future great of French Rap. She comes from Roubaix and writes all her texts. In this very codified environment, she brings an original note, she is inspired in particular by the samurai in her dress and her salutes. She is also accompanied by a dancer performing the show. I was won over, and I’m not the only one, she tells us that before going on stage, she signed a contract with Warner!
–Prince Waly will succeed him. He comes from Roubaix. He is dressed in a large square coat. He also has his own universe by delivering verses in the form of story telling, inspired by his cinematographic references.
In the evening, 4 very different artists. 4 enchanted parentheses. And yes, if the desire was there, fatigue got the better of me. I did not attend the last three performances of the evening (Biga Ranx, Meute, Bob Sinclar). The whole thing was supposed to end around 3:30 a.m…. Hats off to the brave!
- Adé. Ex-singer of the group Therapie-Taxi. A mixture of French folk-rock, luminous, enough to give you the energy. Like his tube Everything to know.
And I still steal, still my joys
I want more, even if I don’t understand
Why do I change, and sometimes
I’m so afraid that the night won’t come
Cause when I sleep, I dream about it
To understand everything and to know why
On slightly clumsy chords
I still manage to capture my joys
I would like to know everything
And see in the dark
I would like to know everything
- Disiz. Nothing to do with his debut. He is constantly evolving and presents his thirteenth album L’Amour, peaceful and intimate walks. Difficult to define his style, between rap, soul and funk, but in any case more consensual. The staging with a large staircase confirms this poetic universe.
- La femme. A joyful band with diverse inspirations, ranging from rock, to sixties pop, to electro, to the French cold wave of the 80s, to tropical rhythms.
- Selah Sue. The public rediscovered with joy the still incredible and singular voice of the Belgian author, composer and performer. 3 albums to his credit and a great presence on stage. Accompanied by her singers, it grooves, but the soulful or jazzy spirit is still there. Without forgetting some touches, essential in our time, of electro and rap. Dressed in a kimono bearing the inscription Persona, the artist summons her multiple personalities on stage. A successful return by Ms. Raggamuffin, the audience is hot !
As for my taste buds, I feasted on a Touraine burger (12€) made up of very hot baker’s bread, a breaded pork cutlet, farmhouse raclette cheese, coleslaw, homemade ketchup and fried onions + a pineapple juice from Vergers de la Manse 😊. Excellent !
Pictures : Day 4