La Corrida est très décriée dans l’Hexagone. Importée d’Espagne, elle s’est implantée au fil des années dans le Sud de la France. On en a parlé beaucoup dans les années 90 avec Henri Leconte qui était marié alors avec Marie Sara, la superbe Torera. La tauromachie était alors comparée à un art traditionnel, un art magnifique et on occultait « son côté cruel envers les animaux » si on peut parler ainsi…
Peut-on aimer la Corrida ?
Avant de répondre à cette question qui fait débat, allons ensemble à la Corrida…
Ce sera à Nîmes pour la feria de Septembre 2016. Retour aux sources pour ma compagne qui y a passé toutes ses vacances pendant sa jeunesse et qui n’y était pas revenue depuis une bonne vingtaine d’années.
L’entrée dans les magnifiques arènes de Nîmes est grandiose, on se sent d’un coup transporté dans la Rome Antique, y règne l’atmosphère d’un petit Colisée.
La Corrida, c’est tout d’abord un cérémonial avec au début la présentation protocolaire de tous les acteurs sous la belle musique d’un orchestre.
L’action de combattre s’appelle la Lidia et elle se passe en 3 actes.
Le 1er Tercio : les piques
Entrée du taureau qui est tout d’abord étudié par les péones (équipiers du matador), puis fixé par le Matador. Le taureau est très vif, et le Matador a été retourné lors d’une passe assise (plus grande prise de risque que debout). Il a été émoussé mais a repris le combat derrière. Après quelques minutes, le picador en cheval rentre et pique le taureau dans le bas des muscles du cou à l’aide d’une grande « lance ». Le cheval a une côte de maille pour se protéger et ses yeux sont bandés ; en effet il est souvent chargé par le taureau et donc il prendrait peur. On se sent vraiment dans un combat d’arènes de la Rome Antique quand on voit le taureau chargé le cheval, c’est assez impressionnant, surtout quand le cheval tombe ce qui est arrivé une fois lors de ma Corrida. Au début de la tauromachie, le cheval était « nu », imaginez un peu le massacre…Après ce premier acte, le taureau est « parado », apaisé.
Le 2ème Tercio : les banderilles
Les péones (parfois aussi le Matador) piquent le taureau avec deux banderilles (4 ou 6 au total), c’est spectaculaire et vraiment dangereux pour le péone qui affronte le taureau sans cape, doit l’éviter au dernier moment et lui planter deux banderilles (ou harpons) qui stimuleront le taureau. Les courses et voltes du taureau diminueront sa vitalité et le laisseront « aplomado », alourdi.
Le 3ème Tercio : la mort
Les paseo (passes) de muleta du Matador achèvent le taureau, le préparant à la mort. Les paseo peuvent être très esthétiques. Le Matador touche souvent l’arrière du taureau et arrive même parfois à le faire tourner autour de soi, c’est alors le « Graal ». Quand le taureau est épuisé, le Matador le fixe à quelques mètres, comme un duel rapproché, le provoque et le transperse avec une longue épée pendant la charge de ce dernier. Il touche alors les organes vitaux de la bête qui s’écroulera ensuite très vite.
Les juges notent alors le combat. Le Matador aura rien du tout, une oreille, deux oreilles, deux oreilles et une queue suivant la qualité de sa prestation et la qualité aussi du taureau. Deux chevaux embarqueront la dépouille en la faisant trainer comme un vulgaire sac, un tour complet de piste sera fait si le taureau a été vaillant, ce qui arriva une fois lors de ma Corrida.
Ces trois Tercio se déroulent sous la ferveur du public avec un cérémonial musical. Beaucoup de touristes mais aussi beaucoup de connaisseurs dans les arènes.
J’ai été impressionné par ce spectacle, très dubitatif aussi, touché aussi de tristesse à certains moments…la Lidia dure une bonne quinzaine de minutes, c’est une mort programmée du taureau…un combat plutôt déséquilibré mais le Matador peut y laisser aussi sa vie. Le père de ma compagne en sait quelquechose. Il a été en effet novillero (grade avant Matador) et fut un ami de Nimeno II (dont la statue trône devant les arènes), qui est encore de nos jours la principale figure de la tauromachie française. Nimeno II a été retourné par un taureau et retomba la tête la première. Gravement blessé, il fut longtemps tétraplégique et se suicida deux ans après.
Avec le recul, le père de ma compagne comprend les anti-corridas. C’est tout dire, combien il est difficile de porter un jugement…
Pour ma part, je n’ai pas encore tranché, je suis pour le respect des traditions mais contre la cruauté envers les animaux. J’ai besoin de temps. Mais sachez que…, ma prochaine Corrida sera celle d’Issy les Moulineaux (course de 10 kms)…;-)